Jacques Benigne Bossuet à l'égard de Jean Gropper
Il arriva en ce temps un nouveau sujet de querelle. Herman Archévesque de Cologne s’estoit avisé de réformer son Diocese à la nouvelle manière, 6 il y avoit appellé Mèlancton & Bucer. C’estoit constamment le plus ignorant de tous les Prélats, & un homme toûjour entraisné où vouloient ses conducteurs. Tant qu’il écouta les conseils du docte Gropper, il tint de tréssaints Conciles pour la défense de l’ancienne foy, & pour commencer une véritable réformation des moers. Dans la suite les Luthériens s’emparèrent de son esprit, & le firent donner à l’aveugle dans leurs sentimens. Comme le Lantgrave parloit une fois à l’Empereur de ce nouveau réformateur: Que réformera ce bonne homme luy répondit-il: à peine entend-il le latin. En toute sa vie il n’a jamais dit trois fois la messe: Je l’ay oûi deux fois; il n’en scavoit pas le commencement. Le fait estoit constant, & le Lantgrave qui n’osoit dire au’il sceust un mot latin, asseûra qu’il avoit leû de bons livres Allemands, & entendoit la Réligion
Pendante que nous en sommes sur ce livre, il n’est pas hors de propos de remarquer qu’il avoit déja esté proposé à la confèrence de Ratisbone en 1554. Trois Théologiens Catholiques Pflugius Evesque de naumbour, Gropper & Eccius y devoit traiter par l’ordre de l’Empereur da la réconciliation des Réligions avec Mélanctont, Bucer & Pistorius, trois Protestants. Eccius rejetta le livre, & les Prélats avec les Estats Catholiques n’approuvérent pas qu’on proposait un corps de doctrine sans en communiquer avec le Légat du Pape qui estoit alors à Ratisbone. c’estoit le Cardinal Contarenus très-scavant Théologien, & qui est loûé mesme par les Protestants. Ce Légat ainsi consulté répondit qu’une affaire de cette nature devoit estre renvoyée au Pape, pour estre reglée ou dans le Concile générale qu’on alloit ouvrir, ou par quelque autre manière convenable.
Il est vray qu’on ne laissa pas de continuer les conférences; & quand les trois Protestants furent convenus avec Pflugius & Gropper de quelques articles, on les appella les articles conciliez encore qu’Eccius s’y est toûjour opposé.
cf. Jacques Benigne Bossuet, Variations des Eglises Protestantes, p. 456 & 459.